Une toussaint correcte, mais un sentiment exacerbé de prise de risque

En dehors des périodes de ca­nicule qui ont été très diffi­ciles à gérer, la météo a été assez clémente tout au long du cycle­ de culture des chrysanthèmes. En conséquence, la Toussaint s’est déroulée cette année avec des produits de qualité. Les trois épisodes caniculaires – fin juin, en juillet et fin août –ont été éprouvants, avec de très fortes chaleurs enregistrées, mais assez brefs. Les plantes étaient globalement belles à très belles, la floraison bien à point pour la Toussaint, ce qui représente un vrai savoir-faire français, vu ces conditions parfois extrêmes. Les livraisons et les ventes, fin octobre, ont été accompagnées par une météo plutôt favorable.

Prudence des acheteurs

Malgré la baisse des quantités produites, les plantes n’ont pas manqué, car les acheteurs ont été très prudents, passant peu de réservations d’avance et effectuant des commandes tardives en octobre. Il est resté encore quelques chrysanthèmes chez les producteurs début novembre et, selon les circuits de distribution, les ventes­ n’ont pas toujours été très dyna­miques. Il y a quelques invendus.

Encore une fois, ce sont les horticulteurs détaillants, fréquentés par une clien­tèle­ locale, traditionnelle et fidèle, qui ont bien tiré leur épingle du jeu et annoncent­ même pour certains avoir réalisé une bonne­ Toussaint.

Les jardineries et Lisa déclarent une fréquentation en baisse et des ventes légè­rement décevantes en ce qui concerne les chrysanthèmes. Pour beaucoup, il res­tait­ encore des plantes à solder début no­vembre. Pourtant, la gamme des plantes­ proposées était assez large et variée, et le succès des ventes était, ­ selon les catégories, vraiment contrasté.

Malgré des promotions et des prix très bas, les ventes étaient plutôt moroses pour la grande distribution. La présen­tation des plantes en l’état, bien souvent de qualité moyenne, encore toutes serrées dans leurs housses d’emballage en plas­tique, n’était pas très vendeuse.

Depuis longtemps, les fleuristes consi­dèrent que la Toussaint n’est pas syno­nyme de journées de vente intéressantes, mais comme un passage obligé pour pouvoir répondre à une demande qui diminue d’année en année.

Ventes contrastées selon les catégories de plantes

Malgré la baisse des quantités de chrysanthèmes classiques multifleurs ou pomponettes en pots de deux ou trois litres mises en culture, il en restait encore bien assez. Les coloris vifs sont partis les premiers. Les pots en trois couleurs ou car­naval bénéficient encore des faveurs des consommateurs. Ceux en coupes se sont bien vendus.

Paradoxalement, les chrysanthèmes à grosses têtes cultivés en éboutonnés, dont la production s’est réduite comme peau de chagrin, commencent à être re­cherchés dans certains secteurs. Les nou­velles­ variétés en rucher ou à fleurs de type dahlia ont séduit un public plus jeune­.

Les cyclamens se sont bien vendus, surtout quand ils étaient en mélange dans des coupes et jardinières. Il en va de même pour les bruyères, dont l’assortiment s’est bien diversifié, en nouvelles couleurs, et en contenants, coupes et jardinières proposés en trois couleurs mélangées.

Ce qui a créé la surprise en 2019, ce sont les coupes et jardinières composées de plantes variées. La demande était bonne, étalée du 15 octobre à début novembre.

Pour la sortie du cimetière

Le succès des ventes de compositions de plantes d’automne en coupes et jardi­nières démontre le goût des consom­mateurs pour les décorations végétales automnales, car celles-ci n’ont pas toutes pris la direction du ci­metière. Beaucoup de villes et villages font des progrès remarquables chaque année dans l’inté­gration des chrysan­thèmes dans leurs plantations, végétalisant les monuments et parterres urbains. Petit à petit, cet exemple incite les particuliers à utiliser ces plantes pour le fleurissement de leurs balcons­ et terrasses.

Globalement, les ventes de Toussaint ont encore baissé en 2019. Les initiatives entreprises ces dernières années dans l’objectif de diversifier les végétaux et promouvoir les périodes de plantation pour floraison d’automne montrent déjà quelques résultats, surtout pour la décoration des massifs en ville. Mais la promotion à destination des consommateurs est nettement insuffisante, voire inexistante. C’est encore un objectif à atteindre pour l’interprofession.

De son côté, l’Office hollandais des fleurs a introduit le día de los muertos (jour des morts mexicain) à Paris. Une autre façon, plus joyeuse, de vivre cette journée, avec un rôle très particulier joué par les fleurs, qui contribuent à une transformation festive de cet évènement.

C’est collectivement que la profession peut faire­ bouger les mentalités, pour enfin pouvoir faire sortir le chrysanthème des seuls cimetières.

Brand Wagenaar, Médioflor